Un pèlerinage au Tibet dans les pas de Milarépa, premier «Éveillé » du Tibet bouddhique, impose une autre perception de l'espace et du temps. Sur la route qui mène au Mont Kailash, centre du monde selon les cosmologies hindoue et bouddhiste, Marie-José Lamothe a tout naturellement vécu des moments intenses, qui nourrissent aujourd'hui sa mémoire. Les quinze années passées à traduire l'oeuvre poétique de Milarépa, puis la biographie de ce sage, furent en effet ponctuées de marches et de rencontres en Himalaya qui permirent à l'auteur de s'imprégner des faits et gestes de personnages indissociables de la terre tibétaine : rois, philosophes, ascètes, nomades, vagabonds et « fous divins ».
Marie-José Lamothe offre ici le récit d'une rude équipée montagnarde sur les traces de l'ermite poète du XIIe siècle, enrichi des résonances multiples que sa connaissance de la civilisation du Pays des Neiges lui inspire. Voyage et expérience intérieure se conjuguent dans ces pages au style magnifique qui dressent aussi un tableau saisissant du Tibet d'aujourd'hui.
Marie-José Lamothe a reçu le prix Alexandra David-Néel pour sa traduction française des oeuvres de Milarépa.
Avec La Vie et Les Cent Mille Chants, c'est l'ensemble des narrations, chroniques et poèmes attribués à l'ermite-poète tibétain (1040-1123) qui se trouvent ici rassemblés. Evocation minutieuse de l'un des parcours spirituels les plus singuliers et les plus foudroyants qu'ait jamais accompli un esprit humain, ce livre s'apparente pourtant à un récit d'aventures, à une épopée, à un florilège. Pour tous les Tibétains, il s'agit d'une oeuvre essentielle, unique, qui relate et exalte le chemin vers l'Éveil d'un Bouddha à la mesure des hautes terres himalayennes.
Dans sa traduction, Marie-José Lamothe a su restituer le rythme, ou mieux, la rumeur de la langue tibétaine, si bien accordée à l'espace de ce Haut-Pays qu'elle connaissait intimement. Aussi cette version française conserve-t-elle l'écho du souffle originel, son pouvoir d'arrachement au monde, de mise en altitude du corps et de l'esprit. Dès sa parution, elle a été unanimement saluée, notamment par Jacques Lacarrière : « Quelle vie, quelle énergie, quelle jouvence en ces chants ! Voilà Milarépa : un embraseur d'éveil au pays des glaciers » (Le Monde), par Claude Roy : « Un traité de renoncement où passe le souffle des grands espaces himalayens » (Le Nouvel Observateur), et par René Char : « L'oeuvre de Milarépa fait mon enchantement. Ma reconnaissance à Marie-José Lamothe pour son fervent et brûlant présent bordé de grâce au Pays affirmatif des neiges ».
En postface, la traductrice, qui a mis ses pas dans ceux de Milarépa, propose un pèlerinage sur les traces du Maître de vie, occasion unique pour le lecteur de prendre la mesure du Tibet d'aujourd'hui.
Les photographies de René Char, prises le 23 juillet 1984 aux Busclats par Marie-José Lamothe, présentent le poète de Fureur et Mystère comme on ne l'imaginait guère : expansif, spontané, rieur, mais aussi méditatif et sombre.
Le récit d'André Velter qui accompagne ces images révèle un homme, physiquement, moralement, poétiquement, hors normes. C'est un géant à la verve insoupçonnée qui apparaît ici, capable de subtiles évocations, d'improvisations fascinantes et de colères telluriques.
Deux poèmes d'André Velter dédiés à René Char et l'ensemble des lettres qu'ils ont échangées complètent ce volume pour en faire le livre-témoin d'une amitié sans faiblesse.