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Harems et sultans : Genre et despotisme au Maroc et ailleurs, XIVe-XXe siècles
Jocelyne Dakhlia
- Anacharsis
- Essais
- 25 Octobre 2024
- 9791027904778
En parcourant l'histoire du Maroc du XIVe au XXe siècle, l'historienne Jocelyne Dakhlia entreprend de poser à nouveaux frais la question du politique et du genre en Islam. Dans cet ouvrage colossal, organisé comme un vaste récit épousant un ordre chronologique, elle dévoile un monde fluide et contradictoire, dynamique, et où les attendus intuitifs de nos regards envers l'islam se voient systématiquement déroutés.
En examinant tant les sources locales que les écrits occidentaux, elle questionne avec acuité la notion même du genre - investiguant aussi bien sur les eunuques -, et pousse ses réflexions également sur l'esclavage et la racialisation.
C'est ici l'ouvrage majeur sur un enjeu capital de notre monde contemporain, qui parvient avec beaucoup d'élégance à déciller notre regard. -
De tous les pays du monde arabe, la Tunisie était sans doute celui dont on attendait le moins qu'il entre en révolution.
Cet événement inouï a surpris le monde entier. Ce basculement révolutionnaire, cette libération inespérée n'étaient dans aucun programme politique, dans aucune perspective un tant soit peu articulée. Il n'y aurait donc pas de sens à prétendre l'événement prévisible et à l'enfermer, rétrospectivement, dans une linéarité historique. Jocelyne Dakhlia se positionne comme citoyenne franco-tunisienne au moins autant qu'en tant qu'historienne pour nous livrer une réflexion sur la révolution que vient de vivre la Tunisie, analysant tout à la fois le contexte dans lequel le pays se trouvait au moment du déclenchement de la révolution et ses premiers développements politiques.
Elle nous propose ainsi une grille de lecture innovante, percutante et sensible, qui permet de mieux comprendre la révolution tunisienne et d'aller bien au-delà de toutes les idées reçues et des multiples analyses de circonstance.
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L'Empire des passions : L'arbitraire politique en Islam
Jocelyne Dakhlia
- Aubier
- 13 Avril 2005
- 9782700723465
À Bagdad, au VIIIe siècle, le calife Hârûn al Rashîd ordonne la décapitation de son fidèle ministre Ja'far, ainsi que l'exécution de sa famille, les illustres Barmécides. Cet épisode, célèbre dans tout l'Islam et notamment relaté dans Les Mille et Une Nuits, met en évidence un motif récurrent dans l'histoire du monde arabo-musulman, celui du couple formé par le sultan et son ministre. Bien plus qu'en Europe, cette alliance repose en effet sur des affinités affectives. Le ministre du sultan est presque toujours son ami intime, voire son amant, et leur collaboration prend souvent fin dans le sang, justifiant en apparence le lieu commun d'une histoire politique placée sous le signe de politique l'instabilité. Pourtant, l'irruption de la passion en politique remplit également une fonction régulatrice : symptôme d'une crise, d'une rupture de l'ordre du royaume, elle permet finalement que naisse une «voix» de l'opinion, un pouvoir politique négocié. À travers le prisme du couple que forment le sultan et son ministre, notion centrale de la littérature politique et historiographique, Jocelyne Dakhlia examine à nouveaux frais la question du despotisme et de l'arbitraire politique en Islam. Elle invite à découvrir la richesse de l'héritage médiéval et moderne des États du monde islamique, à mille lieues de l'image erronée d'un univers politique voué à l'absolutisme, sans contrepoids ni mûrissement démocratique possibles.
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La collection est dirigée par Georges Balandier, professeur émérite à l'Université de Paris Sorbonne, directeur d'études à l'EHESS. Les ouvrages publiés sont des travaux de jeunes chercheurs français en sciences sociales.
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Le divan des rois - le politique et le religieux dans l'islam
Jocelyne Dakhlia
- Aubier
- 1 Novembre 1998
- 9782700722932
A l'encontre des idées reçues, l'auteur montre qu'il existe depuis toujours, particulièrement au Maghreb, une science politique indépendante du fait religieux. A partir d'une analyse de sources variées, elle s'interroge sur les causes du refoulement d'un héritage non théologique du politique en Islam, dédaigné par le recherche contemporaine.
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Lingua franca ; histoire d'une langue métisse en Méditerranée
Jocelyne Dakhlia
- ACTES SUD
- 7 Novembre 2008
- 9782742780778
C'est l'histoire d'un continent enseveli, d'une véritable langue commune, la lingua franca, disparue au fil du temps avec les conquêtes coloniales, au xixe siècle, puis, avec les constructions politiques nationales, au xxe siècle.
C'est l'histoire d'un lien, profond, vivant, multiple et changeant qui réunit durant au moins quatre siècles. autour d'une "même" langue, l'europe et l'islam. certes, comme nous l'apprend l'auteur, jocelyne dakhlia, "parler une même langue n'est pas parler d'une même voix". mais cette langue commune n'a cessé de permettre l'échange, y compris clans la guerre de course en méditerranée, comme parmi les captifs et les renégats.
C'est l'histoire, très largement inédite, d'un lieu médian. a l'heure oú l'on ne parle plus que de frontières entre les civilisations, "véritables cicatrices qui ne guérissent pas" selon fernand braudel, voici une nouvelle lecture du monde méditerranéen. c'est l'histoire d'une autre méditerranée. qui nous raconte les lieux de la mixité, de la contiguïté et des interactions entre les hommes et les femmes qui vivent de part et d'autre de cette mer entre les terres.
C'est l'histoire bien vivante d'une langue morte, qui a laissé de profondes empreintes. c'est l'histoire exemplaire et fondatrice d'un livre événement qui va changer pour longtemps notre vision des relations entre les langues et les cultures de la méditerranée. t. f.
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Nourri d'une longue enquête sur place, cet ouvrage n'intéressera pas seulement les arabisants ou les passionnés du Maghreb, mais ceux qui veulent percer les silences et analyser les discours enveloppant l'histoire de leur propre société.
De même qu'on admet aujourd'hui l'inexistence de " sociétés sans histoire ", on tient pour acquis qu'il ne saurait exister de sociétés sans mémoire : chacune viserait à perpétuer le souvenir du maghreb, affectées du double signe de la " tradition orale " et de la " communauté ", on attribue a fortiori une forte mémoire collective. Tout portait donc à croire que le oasis du Jérid, dans le Sud tunisien, recèleraient une forte mémoire de la communauté, exprimant le souvenir de leurs rapports tumultueux avec l'État aussi bien que la nostalgie des " lois de la cité ". Or le récit d'une histoire lignagère et privée y prend toujours le pas sur l'évocation d'un destin collectif. Revendiqué, cet oubli remet en cause les notions mêmes de tradition orale et de mémoire collective. Nourri d'une longue enquête sur place, cet ouvrage n'intéressera pas seulement les arabisants ou les passionnés du Maghreb, mais ceux qui veulent percer les silences et analyser les discours enveloppant l'histoire de leur propre société. La méthode inaugurée ici est particulièrement précieuse : mêlant l'anthropologie à l'histoire elle permet à l'auteur de s'interroger sur le sens d'un travail de la communauté à s'oublier comme telle, sur le sens d'un oubli " actif " du politique que l'on ne saurait réduire au traumatisme, à la dépossession ou à la perte.