Don Rafael Gutierrez Moreno, roi des ordures, est mort assassiné. Depuis vingt-cinq ans il étend son pouvoir despotique sur les immenses décharges de Mexico. Qui l'a tué? Ses femmes? Le détective Harry Whence, qui rate tout ce qu'il entreprend? Le milieu politique? Le peuple gris des miséreux qui vit à l'est de la ville, là où tout se fâche?Vautrin nous emporte dans une histoire libre et enragée, entre misère et luxure, où le seul code en vigueur est celui d'une mythologie tenace: celle du roman noir.
Les enfants du Marquis de Sade et de Coca-cola font crisser leurs baskets dans les rues de la ville. Ces gosses s'appellent David, Lollilop, Tim ou Franck et même Rocky-Vélo. Victimes innocentes ou anges exterminateurs, ils annoncent la fin d'un monde égotiste tourné vers l'argent - le nôtre - qui n'a que trop duré, et contemplent d'un air rêveur les désordres du siècle.
Il n'empêche que la férocité du genre humain fait son chemin.
Et même si les cris des agrafés de la vie se font entendre ici et là, la période est bougrement cruelle où l'inanité de nos efforts gaspillés en pure perte pour ressembler à des héros, rabaisse toujours les plus faibles d'entre nous à la hauteur d'un bonsaï dans une forêt vosgienne. Mais alors, comment se hisser sur le toit du bonheur ? Faut-il s'empiffrer de bonbons ? Forniquer contre argent ? Pisser dans une bouteille ? Ou se faire photographier tous les jours de sa vie devant Constantinople ? Hein ? je vous demande un peu ?
Souvent, les gens me déchirent le coeur. Comment ne pas aimer cette petite fille qui croit tuer les hommes rien qu'en les regardant ? Qui sont ces Américains qui, à force de vouloir un enfant acceptent de jouer avec un bébé de chiffon ? Pourquoi le petit Henri brûle-t-il tant de posséder l'eau chaude ? Qui est le pogo aux yeux rouges ?
Et si le trésor n'existait pas ?
Voici une cinquante de nouvelles réunies pour la première fois dans la poigne d'un seul livre où j'aime pêle-mêle et fraternellement le clampin en bermuda et charentaises tapi derrière ses troènes, le malbruti qui passe ses dimanches à haïr les lundi, l'astrobiais des machines à sous qui couche sous les télescopes braqués sur le vide électronique ou l'enfourné du Toboso qui cherche, métro Palais-Royal, des fibules mérovingiennes sous les colonnes de Buren.
Ces types-là, je trouve, mettent de la gaieté en couleur sur la flanelle du temps perdu Jean VAUTRIN
Il y a la Ville-achélème avec ses alvéoles. Chacun sa petite case, les gens comme des guêpes. Escalier C. Appartement 412. Un drôle de bonheur. Il y a Locomotive-Baba N?Doula, laveur de carreaux, malien esporté-boeing, qui monte et descend le long de la plus haute façade de la tour. Et son vieil ennemi, un merle des Indes à qui son maître a appris des quolibets racistes. Il y a Théo-le-surinformé qui passe sa vie dans l?actualité : cinq transistors, distributeurs de kidnappings, viols et détournements, branchés en permanence. Il y a Émile, l?égoutier, qui s?est fabriqué dans le grand collecteur une pisciculture « toute en eau de Seine », où vivent des carpes de plus de sept étés. Des monstres qu?Émile repêche au milieu des hydrocarbures, en bouffant des pilules à bronzer.
Quoi encore ? Il faudrait aussi comprendre ce qui accule Jean-Y, le loubard de nord-banlieue à faire péter la Société à coups de grenades. Et ce qui fait perdre son sang-froid à Sam Schneider, affreux flicard, poulet exemplaire, redresseur de l?Ordre. Bloody Mary, sa femme, peut-être. Une foldingue atteinte de bovarysme aigu, qui se prend toujours pour quelqu?un d?autre. Une pousse-au-crime, celle-là...
D?un côté de la plaine, blé-betteraves et pylônes haute tension, la Ville-achélème. Indifférence et noire bêtise. De l?autre côté, les occupants de l?hôtel Algonquin: Moi, votre groom, 12 ans à peine. Uniforme rouge et toque sur la tête, toc. Annonciata, portugaise femme de chambre, 18 balais et un aspirateur Tornado. Un jour, je la coincerai. Mrs. Abercromby, notre cliente américaine, le ventre extra-plat et des exigences sexuelles, je vous raconterai. Jépha, forcément. Rouée coquine. 13 ans à peine. Native Guadeloupe et toujours après trois punchs. Facho Irma Goudénèche et ses fantasmes à croix gammée, Teddy Broom, le bagagiste complètement funk, le sergent Harsh, retour du Vietnam, qui parle de balancer du napalm sur la région parisienne... Mais il y a principalement moi, Haïm Bronstein, 25 ans, tartissure d?infirme et boule-merde d?imagination qui, à force d?avoir peur des guerres, de marcher comme Cary Grant et de fumer comme Bogart, ai fini par suivre les conseils de Monsieur Bing, un vieux végétarien cancéreux: j?ai commencé à assassiner les gens de l?autre monde...
Gardez le tronc, jetez les branches ! En obéissant à cet unique mot d?ordre, pour résister à la vacherie de l?époque qui déjante et suppléer à la disette des âmes, j?ai raclé jusqu?à l?os ces dix nouvelles.
Dans ma tête, elles fredonnaient d?un continent à l?autre la chanson triste et désopilante de gens de toutes les peaux, de toutes les confessions et de tous les pays ? des types, des femmes ou des gosses ? agités par les tracasseries de leurs démangeaisons personnelles, par les turpitudes du moment, par le chômage, par l?enfance, l?obésité, l?alcoolisme, la guerre, les drames de la vie conjugale, ou tout simplement taraudés par une solide envie de baiser.
J?ai gardé le tempo des personnages, j?ai préservé la scansion de leur folie intérieure. J?ai voulu qu?ils balancent et qu?ils swinguent au rythme de leurs obsessions.
Ils ont été pour ainsi dire gourmands de mon énergie. Sans doute parce qu?ils faisaient irruption dans l?imaginaire d?un écrivain en un moment de l?hiver de son existence où l?incapacité d?aimer comme un jeune homme, sa rugissante envie de mordre encore la vie et l?approche de la mort aiguisaient l?acuité du regard.
D?un mot, j?ai réveillé ce qui bouge toujours en moi.
Si on s?aimait ?J.V.
Le tonnerre du ciel, l'affolement de nos coeurs, le crépitement des armes, les grincements de l'argent, la banquise qui fendille, l'atome qui déconne, la morale qui fout le camp et vous, chers amis, qui vous battez avec le fric, les machines, le chômage, les délocalisations, le système bling-bling et le climat qui s'échauffe, m'avez décidé à réunir ces textes, ces paroles envolées, ces cris poussés au fil des années, ces lettres, ces bribes de journal qui racontent mieux qu'un long roman pourquoi -malgré la saumure où nous sommes- j'ai toujours aimé vivre.
Parler des rencontres essentielles, écrire, dire l'aventure des livres, mesurer la vérité de l'amour, évoquer les amis, revoir les sourires à demi effacés, manger avec gourmandise, épeler le temps, sortir des nuages, réclamer justice, photographier les hommes, fouiller dans la vieille malle aux souvenirs, renoncer à l'inutile, prêcher pour la liberté des esprits, lécher les blessures de l'homme abandonné, sont de ma paroisse.
Je vous invite à venir me rejoindre au fond de mon jardin japonais pour regarder passer sur un lit de graviers minuscules l'énorme torrent de la vie.
J. V.
Romancier, nouvelliste, essayiste mais aussi cinéaste, Jean Vautrin est l'un des pères fondateurs du néo-polar. Pour La Vie ripolin il est couronné en 1986 par le Grand Prix du roman de la Société des gens de Lettres. Un grand pas vers le bon Dieu lui vaut de recevoir en 1989 le Prix Goncourt puis, la même année, le Goncourt des Lycéens. Pour Baby boom, il avait reçu auparavant la Bourse Goncourt de la nouvelle. Co-auteur avec son ami Dan Franck de la série des Aventures de Boro, il a publié une trentaine de romans et recueils chez Fayard. Il a reçu le prix Louis-Guilloux pour l'ensemble de son oeuvre.
«Si, dans ce recueil, a contrario des modes, je fais surgir des fusillés de 1917, des rapatriés d'Algérie, des moujiks, des rescapés du Vietnam, des fascistes désaffectés, des enterrés du fort de Vaux, c'est parce que j'aime écouter les drôles de voix tremblées de ceux qui racontent l'incompréhension, l'injustice ou l'infecte saumure d'un monde où la folie des projets humains les a plongés.» Somme de toutes les douleurs, de tous les héroïsmes minuscules, de tous les compromis d'humanité: la guerre. On ne trouvera ici ni bataille ni lutte glorieuse. Pas de symphonie patriotique, mais bien plutôt le grand bruissement du sang versé, la musique des abandonnés.
Encre et sang mêlés, ces nouvelles puisées dans la poudre à canon, dans le coeur des écharpés, sont la guerre, toutes les guerres - et toutes les cicatrices. Mais aucune des silhouettes esquissées ne se départ jamais de sa gouaille, de son ironie, si désespérée soit-elle.
Romancier, nouvelliste, essayiste mais aussi cinéaste, Jean Vautrin est l'un des pères fondateurs du néo-polar. Pour La Vie ripolin il est couronné en 1986 par le Grand Prix du roman de la Société des gens de Lettres. En 1989, il reçoit le Goncourt et le Goncourt des Lycéens pour Un grand pas vers le bon Dieu, après avoir eu le Goncourt de la Nouvelle pour son deuxième recueil, Baby boom. Co-auteur de la série des Aventures de Boro, il a publié une trentaine de romans et recueils chez Fayard, parmi lesquels Si on s'aimait? en 2005. Il a reçu le prix Louis-Guilloux pour l'ensemble de son oeuvre.
Une ville de banlieue avec sa gare de banlieue, ses barres de béton, ses éboueurs noirs dans leurs uniformes fluo, ses ahènepéistes et ses trois-huit, ses bandes de bric et de broc et ses crânes trop rasés.Un monsieur bien sous tous rapports file un balayeur des rues jusque dans l'ascenseur de sa cité-dortoir. Montent avec eux un camionneur balèze, un couple en bisbille, un petit rouquin avec son jeu japonais, un électeur de Le Pen, une jeunesse maghrébine...Panne entre deux étages. Un cadavre de nègre découvert un peu plus haut quand les portes se rouvrent... Qui a joué du couteau dans le noir de la cabine?Romancier, cinéaste, Jean Vautrin a obtenu le prix Goncourt en 1989 pour Un grand pas vers le bon Dieu. Il est l'auteur avec Dan Franck des Aventures de Boro, reporter photographe (Fayard, quatre volumes déjà publiés). Son dernier livre paru est Le Roi des ordures (Fayard, 1997).
UN ASSASSIN MORALISTE CONTRE UN FLIC SANS MORALITÉ. UN ROMAN NOIR REMONTÉ COMME UNE HORLOGE FOLLE OÙ, TOUT AU LONG DE SEPT CRIMES, VONT S'ENTRECROISER PLUSIEURS FOIS LA ROUTE DE CELUI QUI VOULAIT ANÉANTIR LA VIE ET CELLE DU TYPE QUI NE SAVAIT PAS COMMENT L'APPRÉHENDER. SERVI PAR VAUTRIN, UN DOUBLE NOIR BIEN SERRÉ.
Romancier, cinéaste, Jean Vautrin a obtenu le prix Goncourt en 1989 pour Un grand pas vers le Bon Dieu. Il est notamment l'auteur chez Fayard du Roi des ordures, de Un Monsieur bien mis, et de nouvelles : Patchwork, Baby-Boom, Dix-huit tentatives pour devenir un saint, Courage, chacun ainsi que des Aventures de Boro, reporter photographe, en collaboration avec Dan Franck.
Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d'aventures où le rebondissement des situations, la multitude des personnages et le caractère passionné des héros font loi.Blèmia Borowicz, dit Boro , est un jeune reporter photographe originaire de Hongrie. Il est de la race des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros de Fitzgerald. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'histoire le conduiront vers un destin exceptionnel. Avec sa canne et son Leica, il traversera l'Europe de 1930 pour voler au secours de sa cousine Maryika, jeune étoile montante du cinéma allemand dont il est éperdument amoureux.Celle-ci est prise dans la tourmente et les persécutions qui frappent les milieux intellectuels et artistiques d'une Allemagne bientôt engloutie par la montée du nazisme. Pour la sauver _ et se sauver lui-même _, Boro sera amené à enquêter sur l'univers trouble et inquiétant des sociétés secrètes qui, partout en Europe, notamment en France, fomentent le renversement de la République. Au terme d'une fuite haletante, après avoir déjoué un piège diabolique, Boro, témoin de son époque, connaîtra la gloire. Mais parviendra-t-il enfin à conquérir le coeur de sa belle cousine?Nul doute que Boro, l' homme au Leica , ne soit promis à une carrière aussi brillante et durable que les hautes figures du feuilleton à la française, si merveilleusement illustré dans le passé par Alexandre Dumas, Eugène Sue, Souvestre et Allain, Paul Féval et Maurice leblanc.
Blèmia Borowicz, dit « Boro », reporter photographe, est de la famille des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros fitzgéraldien. Armé de sa canne et de son Leica légendaires, il ferraille avec une fougue libertaire contre les abus et les injustices du monde. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire le conduisent toujours vers un destin exceptionnel.
Printemps 1960. Meurtri par l'entrée des chars soviétiques dans sa Hongrie natale, Boro a répondu à l'appel du Mossad : il est en Argentine sur les traces d'un bourreau nazi en fuite. De retour à Paris, il rejoint les porteurs de valises dans les appartements clandestins où se réunissent les réseaux de soutien au FLN algérien. Il arrive à Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961, alors que s'élève le mur de la honte. Il restera dans la ville le temps de sauver les premiers fugitifs évadés par les tunnels ainsi qu'une jeune pianiste allemande, virtuose de renommée internationale, prise au piège des barbelés de la guerre froide.
Avec Boro, Est-Ouest, Dan Franck retrouve la grande tradition du roman d'aventures. Après la montée du nazisme (La Dame de Berlin), la guerre d'Espagne et l'avènement du Front Populaire (Le Temps des cerises), les jeux d'espions à l'aube des monstruosités hitlériennes (Mademoiselle Chat), les premières heures de l'Occupation (Boro s'en va-t-en guerre), les luttes de la Résistance (Cher Boro, La Fête à Boro) et la naissance d'Israël (La Dame de Jérusalem), voici Blèmia Borowicz aux prises avec les folies d'un nouvel ennemi - menaçant, redoutable, terriblement actuel. Avec Boro, Est-Ouest, Dan Franck rappelle sur le devant de la scène le héros des Aventures deBoro, reporter-photographe, la série à succès née de sa collaboration avec Jean Vautrin. Seul à la plume désormais, il nous fait revivre aux côtés de son héros les heures les plus glaçantes de la guerre froide, porté par la force vivifiante de la grande tradition du roman d'aventures.
Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d'aventures où le rebondissement des situations, la multitude des personnages et le caractère passionné des héros font loi.Blèmia Borowicz, dit Boro , reporter photographe originaire de Hongrie, est de la race des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros fitzgéraldien d'Europe centrale. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire le conduisent toujours vers un destin exceptionnel.Dans La Dame de Berlin, avec sa canne et son Leica, il a parcouru l'Europe des années 30 pour voler au secours de sa cousine Maryika, jeune étoile montante du cinéma allemand prise au piège des nazis.Dans Le Temps des cerises, il a livré bataille aux conjurés de la Cagoule, traversant la France du Front populaire au volant d'un camion chargé d'armes destinées à la République espagnole.Les Noces de Guernica, troisième volume des aventures de notre reporter photographe, montre l'intrépide et donjuanesque Boro en proie à la pire situation qui se puisse imaginer. Sur les sentiers de ses propres combats, il croise tout d'abord le visage enchanteur de l'amour fou, soudain vitriolé par un ennemi mortel sorti d'un ancien cauchemar. Selon ses bonnes habitudes, Boro ne désarme pas. Alors qu'alentour, sous la baguette de Maryika Vremler, le monde entier s'agite pour lui venir en aide, plus insolent que jamais, notre ami croise le fer avec ses bourreaux... tout en convolant aussi délicieusement que possible avec la plus belle des belles Espagnoles.Nous sommes en 1937. En France, Léon Blum annonce la pause sociale. En Espagne, les Républicains commencent à perdre la guerre. La jeunesse de Boro s'achève. Demain, il entrera dans l'eau tiède de la drôle de guerre . Puis, ce sera le bain glacé de la Résistance...
Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d'aventures où le rebondissement des situations, la multitude des personnages et le caractère passionné des héros font loi.Blèmia Borowicz, dit Boro , reporter photographe originaire de Hongrie, est de la race des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros de Fitzgerald. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire l'ont conduit vers un destin exceptionnel. Avec sa canne et son Leica, il a parcouru l'Europe des années trente pour voler au secours de sa cousine Maryika, jeune étoile montante du cinéma allemand.Dans ce deuxième volume, Le temps des cerises, l'intrépide et donjuanesque Boro, en proie à des situations à la fois rocambolesques et dramatiques, traverse l'année 1936. Celle-ci est marquée, en France, par l'émergence du Front populaire et, en Espagne, par le début de la guerre civile. Confronté à d'anciens adversaires dissimulés sous le masque de la Cagoule et des sociétés secrètes, aidé par des prolos au grand coeur séduits par cet aventurier généreux, Blèmia Borowicz risquera sa vie pour combattre les tyrannies qui, cette année-là, pèsent dangereusement sur les libertés _ et finiront, mais il s'agit là d'une autre histoire, par les étouffer. L'époque est à l'engagement, Boro s'engage. Il a grandi. Franck et Vautrin, rendant hommage au roman-feuilleton, paraissent l'avoir inventé. Pierre Lepape Le Monde
Fin 1943, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Tout à l'avenant. Le café est gland. Le beurre margarine. Les lacets en papier. Partout même refrain, même mauvaise haleine. Les gens se méfient les uns des autres. Ils ne s'aiment pas. Ils marchent à la lettre anonyme. À la dénonciation. Le cuir manque. Le charbon manque. La parole manque. Radio Paris ment.
Pourtant, dans les boxons de Montmartre et de Montparnasse, dans les guinguettes privées d'orchestre des bords de Marne, dans des caves calfeutrées, quelques-uns résistent. Filles de joie, anciens malfrats du Topol, petites frappes et petites gens, certains croient encore au salut du genre humain. À la liberté. À la paix. Au bonheur à venir, à revenir. Leur héros? Blèmia Borowicz, dit Boro. Toujours prêt à se battre partout où sévit la barbarie. Un pas, une canne... Le reporter boiteux galvanise les patriotes de l'ombre. Il les entraîne à sa suite. Pour les uns, il est Bouvier, le résistant, le chevalier blanc de la photo de reportage. Pour les autres, il est le métèque, le juif, l'Untermensch. Lafont, Bonny, Abel Danos, grosses pointures du banditisme et gestapistes notoires, sont à ses trousses. Tantôt, c'est un ange qui surgit à point nommé - un ange de 16 ans, Tulipe, radieuse apparition dans le ciel de suie. Tantôt, c'est une mystérieuse courtisane japonaise. L'aventure balaye la prudence, le feuilleton s'ébouriffe : le chemin zigzaguant de Boro croise la route sanglante du plus grand assassin de tous les temps, le fameux, l'incontrôlable docteur Petiot !
Début 1944, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Des trains remplis d'innocents partent chaque jour vers les camps. Les crapules s'enrichissent et les lâches font le dos rond. Pourtant, que Boro apparaisse et la victoire sur la peste brune n'est plus seulement un rêve : jusqu'à Omaha Beach, elle était un projet fou ; après le Débarquement, gaie et triste à la fois, elle devient une fête.
Déjà parus La Dame de Berlin - Le Temps des cerises - Les Noces de Guernica - Mademoiselle Chat - Boro s'en va-t-en guerre - Cher Boro
Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d'aventures.Blèmia Borowicz, dit Boro , reporter photographe originaire de Hongrie, est venu chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros fitzgéraldien d'Europe centrale. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire le conduisent toujours vers un destin exceptionnel.Tout pourrait paraître simple à celui qui, comme Boro, à la suite d'une nuit passée sur la corniche d'un consulat, trouverait refuge dans le lit d'une princesse roumaine aux yeux verts. Mais il ne faudrait pas que la princesse soit une fausse baronne allemande, encore moins une espionne. Il ne faudrait pas non plus que le larcin d'une simple machine à écrire se transforme en course haletante contre la mort, sous prétexte qu'au pays des faux-semblants on ne doit pas tomber amoureux d'un démon du IIIe Reich, ni prendre Enigma (la plus fabuleuse invention du siècle en matière de décodage) pour une femme.Dérober la machine Enigma, c'est se transformer en cible et s'offrir, fût-ce en courant jusqu'au bout du monde, aux balles et aux tentatives d'assassinat de tous les services secrets. De Bombay à Mysore _ en voiture, à dos d'éléphant ou à cheval _, de Karachi à Marseille _ en avion Dewoitine 388 _, du Havre à New York _ sur le paquebot Normandie _, de Paris à Munich en passant par la Pologne, notre héros va arpenter la planète entière et défier bien des dangers avant de retrouver, femme après femme, déserts après gratte-ciel, luxe après chevauchées, un semblant de repos, tandis qu'éclate l'inéluctable drôle de guerre, antichambre de quatre années de ténèbres.
Blèmia Borowicz, alias Boro. Une canne, un Leica, quelques passions amoureuses, le goût de l?aventure, le sens de l?Histoire, ont fait de cet immigré hongrois réfugié en France un héros des années d?avant-guerre. Il s?est promené sur tous les champs de bataille où les droits des hommes étaient bafoués. A Berlin, il a fait mordre la poussière aux nazis en chemise brune. A Paris, il a déjoué les manoeuvres de la Cagoule. A Madrid, il a défendu la République espagnole. A Montoire, après avoir pleuré sur les pays défaits, il s?est engagé dans la Résistance.Aujourd?hui, passager clandestin enfermé dans la carlingue d?un Wellington Vickers venant d?Angleterre, il saute en parachute sur les pierres noires de l?Occupation. Bleu Marine, son opératrice radio, l?accompagne. Elle a le regard lumineux et joue Mozart à l?harmonica. Elle entre dans un réseau où la bande des Hongrois forme la garde rapprochée du premier d?entre eux, l?intrépide Boro, en partance pour une base secrète, un rivage dangereux, un objectif à photographier. Londres, Caluire, Berlin, Lyon? D?une ville à l?autre, dans les trains, au coeur des catacombes, aidé par toutes les femmes de sa vie, saluant les héros de la résistance allemande, Boro file, fonce, aime, libère et combat. Entré dans l?armée des Ombres, il n?en sortira qu?avec la lumière. Quand viendra-t-elle ?
Après avoir parcouru l'Europe des années trente, après avoir livré bataille aux conjurés de la Cagoule, après avoir traversé le Front populaire, participé à la guerre d'Espagne, bourlingué en Inde, conquis l'Amérique, dérobé la machine à coder des services secrets allemands et affronté les valets de toutes les antichambres du nazisme montant, Boro entre dans le bain glacé de la Résistance.
Il prend les armes le 11 novembre 1940, jour de la manifestation héroïque des étudiants parisiens. Lorsqu'il les rendra, il aura croisé ses ennemis de toujours, aimé pour la vie quelques femmes magnifiques, déjoué le piège tendu par sa cousine Maryika et par Artur Finnvack, numéro deux des services secrets britanniques, dont le nom forme une anagramme bien mystérieuse.
Ici, Boro, le splendide émigré de Budapest, devient cible et gibier. Il est le métèque français. Avec pour tout viatique sa canne et son Leica, notre héros défie crânement couvre-feux et contrôles. Une seule raison l'anime : délier le bâillon de cette terrible Occupation où, entre l'apaisante image de timbre-poste du Maréchal, la brutalité arrogante des nazis et la voix brouillée d'un général exilé que l'on déclare félon, les Français se divisent. L'heure est aux atermoiements, à la xénophobie, à la méfiance, au marché noir, à la délation. Trop pour Blèmia Borowicz. Surtout si, au-delà des ignominies qui l'entourent, les nazis menacent une jeune fille aux yeux verts...