La perspective d'une légalisation du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe a suscité ces derniers mois des réactions parfois viscérales. Les questions légitimes qu'elle soulève ne doivent être ni éludées ni instrumentalisées.
Le 29 octobre 2012, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) a publié un " dossier d'analyse " du projet de loi sur l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, sous le titre Les questions du mariage, de la filiation et de l'autorité parentale pour les couples de même sexe. L'Unaf s'y oppose majoritairement, alors qu'au contraire les auteurs de ce livre le soutiennent.
Les trois grands objectifs des auteurs sont les suivants :
- contexte : présenter le contexte international en matière de droits des couples de même sexe et replacer le projet de loi dans la perspective du temps long de l'histoire du mariage et de la filiation en France ;
- analyse : examiner les points du texte qui font l'objet de controverses ainsi que les principaux amendements annoncés (AMP pour les couples de femmes, adoption pour les couples non mariés, etc.) ;
- ouverture : débattre des alternatives au projet de loi qui ont été proposées (union civile, etc.) et analyser la façon dont ce projet s'inscrit, ou devrait s'inscrire, dans une réforme plus globale de la filiation contemporaine.
Faut-il lever l'anonymat des donneurs dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation ? Alors que les premiers enfants nés grâce aux dons sont devenus de jeunes adultes et, pour certains, revendiquent l'accès à leurs origines, comment distinguer les places respectives des protagonistes du don d'engendrement : parents, enfants, donneurs ? L'enfant n'est-il pas le grand oublié de la perspective médicale traditionnelle assimilant don de gamètes et don du sang, au prix de l'effacement d'une partie de son histoire ? D'une plume résolument engagée, Irène Théry propose un regard critique sur le modèle bioéthique français qui a sacralisé l'anonymat du don de gamètes alors que tant de pays démocratiques ont su passer du modèle initial Ni vu ni connu à celui de Responsabilité où le donneur - homme ou femme - cesse d'être perçu comme un spectre menaçant.
La panique morale qui semble saisir la société française - corps médical, responsables politiques, religieux - devant une telle évolution révèle les préjugés et les résistances face aux nouvelles représentations de l'identité personnelle et de la filiation, transformées par l'égalité des sexes, le démariage et l'émergence sociale de l'homoparentalité.
L'Occident a conçu la distinction de sexe d'une manière très particulière: la femme est l'être qui porte par définition, dans son esprit et dans son corps, la « différence » sexuée et sexuelle; les sociétés sont composées d'individus de deux sexes. L'observation des sociétés traditionnelles, où les corps masculins et féminins sont fabriqués rituellement, a révélé la dimension relationnelle de l'individu. Admettre qu'il existe une dimension sexuée de la vie sociale permet d'échapper à l'alternative entre étudier « l'individu » (universel mais asexué) ou les « rapports hommes-femmes » (sexués mais séparés). Dans cette perspective novatrice, le genre est considéré comme une modalité des relations, et non un attribut des personnes. Et loin de n'organiser que des relations de sexe opposé, le genre organise simultanément des relations de même sexe, de sexe indifférencié, et même de sexe combiné. Les sciences sociales doivent appréhender les personnes sexuées non pas à partir d'un ensemble de propriétés et d'attributs substantiels, mais à partir des modes d'action et de relation. De là le titre de ce livre. Il veut indiquer que ces deux notions, du genre et de la personne, s'éclairent mutuellement: chacune sort redéfinie de la confrontation à l'autre. En renouant avec une anthropologie comparée et historique, les sociologues, anthropologues, historiens et philosophes réunis invitent à revenir sur ce que nous entendons par un individu, une société, une action, une passion ou encore une relation spécifiquement humaine.