Ce livre est un dialogue entre les deux parts de moi-même : celle que j'exprime publiquement par mon travail ; celle que j'ai toujours gardée pour moi et mes proches.
D'un côté, cet essai de sciences sociales fait la généalogie de MeToo. Trois révolutions du permis et de l'interdit sexuels ont jalonné l'histoire de nos sociétés : l'invention du rapt de séduction au XVIe siècle ; l'imposition d'un ordre matrimonial sécularisé en 1804 ; l'égalité de sexe à partir des années 1970.
D'un autre côté, ce livre est un récit à la première personne. En écrivant « Moi aussi » sur ma page Facebook dès 2017, j'ai pensé à ce qui m'était arrivé à l'âge de huit ans. Je prolonge ce témoignage par une réflexion sur ce que les sociologues taisent en général : la place du féminisme dans la recherche, la façon dont la vie bouscule nos enquêtes, les violences et les bonheurs qui attendent une femme lorsqu'elle ose prendre la parole.
Le mouvement MeToo n'a pas seulement mis au jour un immense continent de violences. Il invente aujourd'hui une nouvelle civilité sexuelle, portée par les valeurs de respect et d'émancipation.
I. T.
La perspective d'une légalisation du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe a suscité ces derniers mois des réactions parfois viscérales. Les questions légitimes qu'elle soulève ne doivent être ni éludées ni instrumentalisées.
Le 29 octobre 2012, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) a publié un " dossier d'analyse " du projet de loi sur l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, sous le titre Les questions du mariage, de la filiation et de l'autorité parentale pour les couples de même sexe. L'Unaf s'y oppose majoritairement, alors qu'au contraire les auteurs de ce livre le soutiennent.
Les trois grands objectifs des auteurs sont les suivants :
- contexte : présenter le contexte international en matière de droits des couples de même sexe et replacer le projet de loi dans la perspective du temps long de l'histoire du mariage et de la filiation en France ;
- analyse : examiner les points du texte qui font l'objet de controverses ainsi que les principaux amendements annoncés (AMP pour les couples de femmes, adoption pour les couples non mariés, etc.) ;
- ouverture : débattre des alternatives au projet de loi qui ont été proposées (union civile, etc.) et analyser la façon dont ce projet s'inscrit, ou devrait s'inscrire, dans une réforme plus globale de la filiation contemporaine.
La controverse que suscite l'égalité de sexe témoigne de la confusion des idées à propos de la différence des sexes : port du voile islamique, prostitution, droits des couples homosexuels, mixité à l'école... les divergences qui nous traversent restent fortes.
Pour Irène Théry, l'enjeu majeur est le suivant : on l'oublie en général, mais nos conceptions du masculin et du féminin renvoient à nos conceptions de la personne. C'est vers la personne qu'il faut porter notre attention si nous voulons comprendre pourquoi le genre n'est pas un attribut des personnes, mais une modalité des relations sociales.
Renouant avec la tradition d'une anthropologie historique et comparative, l'auteur montre qu'un regard éloigné, permettant de nous voir nous-mêmes en perspective, apporte un vent frais à des polémiques confinées dans la répétition. Non, les grandes théories de la " domination masculine " qui réduisent les sociétés traditionnelles à une caricature d'humanité ne rendent pas justice aux femmes. Une autre analyse de la hiérarchie des sexes est indispensable pour comprendre notre passé et, aussi pour construire une parentalité contemporaine soucieuse d'allier de façon nouvelle, égalitaire, les valeurs du féminin et du masculin.
La loi du 17 mai 2013 instituant le mariage des couples de même sexe a suscité une violente opposition. Alors que le projet recueillait une adhésion massive au sein de la population, notamment chez les jeunes, il a été combattu par un camp traditionaliste, minoritaire, qui a réussi à fédérer tout un ensemble de préjugés et d'inquiétudes. Or le moteur des changements dans la famille n'est pas l'individualisme égoïste. C'est la victoire d'une valeur qui bouleverse tout notre système de parenté : l'égalité de sexe. Avec le « mariage pour tous », nous n'avons pas seulement donné des droits à une minorité. Nous avons remis en cause l'ordre matrimonial qui avait, il y a deux siècles, présenté la complémentarité hiérarchique du masculin et du féminin comme l'horizon indépassable des rapports de sexe. Réinscrire ces bouleversements dans le temps long des débats, des lois et des pratiques, c'est se donner les moyens de comprendre la révolution en cours, ainsi que les nouvelles valeurs familiales qui l'animent. C'est aussi préparer la prochaine étape du combat : la filiation pour tous.
Faut-il lever l'anonymat des donneurs dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation ? Alors que les premiers enfants nés grâce aux dons sont devenus de jeunes adultes et, pour certains, revendiquent l'accès à leurs origines, comment distinguer les places respectives des protagonistes du don d'engendrement : parents, enfants, donneurs ? L'enfant n'est-il pas le grand oublié de la perspective médicale traditionnelle assimilant don de gamètes et don du sang, au prix de l'effacement d'une partie de son histoire ? D'une plume résolument engagée, Irène Théry propose un regard critique sur le modèle bioéthique français qui a sacralisé l'anonymat du don de gamètes alors que tant de pays démocratiques ont su passer du modèle initial Ni vu ni connu à celui de Responsabilité où le donneur - homme ou femme - cesse d'être perçu comme un spectre menaçant.
La panique morale qui semble saisir la société française - corps médical, responsables politiques, religieux - devant une telle évolution révèle les préjugés et les résistances face aux nouvelles représentations de l'identité personnelle et de la filiation, transformées par l'égalité des sexes, le démariage et l'émergence sociale de l'homoparentalité.
Creuset où se construit la personne, mais aussi cellule de base de la vie sociale, la famille est aujourd'hui un enjeu central de société. Retard et diminution des mariages, accroissement du nombre de divorces, des familles recomposées et monoparentales, accession plus tardive des jeunes à l'autonomie face à ces mutations, quels points de repère se donner pour construire l'indispensable politique de la famille dont notre pays a besoin ? En matière de filiation, d'autorité parentale, de mariage, de divorce, de concubinage, de succession et de protection des enfants, comment adapter le droit aux réalités actuelles ? Irène Théry, sociologue, auteur du Démariage, propose dans ce rapport un état des lieux de la famille et de la vie privée d'aujourd'hui et présente les fondements de ce que devrait être une démarche ambitieuse et novatrice pour la France.
Qui sommes-nousoe Hommeoe Femmeoe Homme dans un corps de femme ou femme dans un corps d'hommeoe Est-ce vraiment notre sexe qui détermine notre identité?
Pour comprendre les questions d'identité que posent les nouvelles formes d'alliance et de parenté, Irène Théry repense de fond en comble les distinctions de sexe. Ce n'est pas la nature qui nous fait hommes ou femmes, c'est la société qui nous attribue des rôles masculins et féminins. On n'est pas un homme ou une femme, on agit comme un homme ou comme une femme. Mais aussi, et le plus souvent, comme une personne tout à la fois partenaire d'une vie sociale, congénère de l'espèce humaine, mâle ou femelle d'une espèce naturelle et dépositaire des valeurs humaines.
Irène Théry remet en question les mythes de nos sociétés individualistes à partir d'une comparaison avec les sociétés traditionnelles. Et propose une pensée inédite des relations sociales. Son livre ouvre de nouvelles voies à notre quête démocratique de l'égalité de sexe.
La majorité de nos contemporains partagent, sur la famille, de nouvelles valeurs extrêmement fortes : l'égalité entre les parents et entre les enfants ; la filiation comme lien inconditionnel, fait pour durer toute la vie ; la responsabilité des générations, liant les vivants à ceux qui ne sont plus et à ceux qui ne sont pas encore ; le respect de l'histoire personnelle de l'enfant... Pourtant, en France, depuis quelques années, la famille est devenue un sujet de discorde politique. Dans ce livre, Irène Théry et Anne-Marie Leroyer, entourées de vingttrois experts, abordent avec sérénité ces questions complexes et proposent des réformes importantes du droit de la famille : sur la filiation en général, l'adoption, l'assistance médicale à la procréation, la gestation pour autrui, l'homoparentalité, l'accès aux origines ou encore les familles recomposées. Irène Théry est sociologue, spécialisée dans la sociologie du droit de la famille et de la vie privée. Directrice d'études à l'EHESS, elle a publié plusieurs ouvrages sur les mutations du droit de la famille, sur les familles recomposées et sur le masculin et le féminin, notamment La Distinction de sexe et Le Démariage. Anne-Marie Leroyer est professeure à l'École de droit de la Sorbonne (Paris-I-Panthéon-Sorbonne). Elle dirige le département de recherche sur la famille et le patrimoine de l'Institut juridique de recherche de la Sorbonne. Rapport remis à la ministre déléguée chargée de la Famille Membres du groupe de travail : Simone Bateman, Sylvain Bollée, Hubert Bosse-Platière, Fabienne Brugère, Laurence Brunet, Jérôme Courduriès, Geneviève Delaisi de Parseval, Caroline Eliacheff, Agnès Fine, Hugues Fulchiron, Marie Gaille, Martine Gross, Juliette Guibert, Agnès Martial, Jennifer Merchant, Pierre Murat, Israël Nisand, Enric Porqueres i Gené, Marianne Schulz, Jehanne Sosson, Alfred Spira, Sylvie Steinberg, Laurent Toulemon.
Oú en est le divorce en france ? comment la justice le règle-t-elle dans les cas difficiles ? le juge ne peut plus invoquer les modèles traditionnels.
En l'absence de repères, ce sont souvent les experts, les " psy " qui ménagent leurs conseils et affichent leurs certitudes. par-delà le divorce, ces difficultés révèlent les impasses d'un mode de pensée dominant qui ne voit plus dans la loi commune que l'ennemie de la liberté de chacun. pour protéger la vie privée, n'est-ce pas la loi qu'il faut réinventer ?.
L'Occident a conçu la distinction de sexe d'une manière très particulière: la femme est l'être qui porte par définition, dans son esprit et dans son corps, la « différence » sexuée et sexuelle; les sociétés sont composées d'individus de deux sexes. L'observation des sociétés traditionnelles, où les corps masculins et féminins sont fabriqués rituellement, a révélé la dimension relationnelle de l'individu. Admettre qu'il existe une dimension sexuée de la vie sociale permet d'échapper à l'alternative entre étudier « l'individu » (universel mais asexué) ou les « rapports hommes-femmes » (sexués mais séparés). Dans cette perspective novatrice, le genre est considéré comme une modalité des relations, et non un attribut des personnes. Et loin de n'organiser que des relations de sexe opposé, le genre organise simultanément des relations de même sexe, de sexe indifférencié, et même de sexe combiné. Les sciences sociales doivent appréhender les personnes sexuées non pas à partir d'un ensemble de propriétés et d'attributs substantiels, mais à partir des modes d'action et de relation. De là le titre de ce livre. Il veut indiquer que ces deux notions, du genre et de la personne, s'éclairent mutuellement: chacune sort redéfinie de la confrontation à l'autre. En renouant avec une anthropologie comparée et historique, les sociologues, anthropologues, historiens et philosophes réunis invitent à revenir sur ce que nous entendons par un individu, une société, une action, une passion ou encore une relation spécifiquement humaine.