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Hoda Barakat
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Comme son père et son grand-père, Nicolas est un commerçant aisé du centre-ville de Beyrouth, où il possède un magasin d'étoffes renommé. Durant la guerre civile, le feu ayant ravagé la boutique, il se réfugie dans le sous-sol et décide d'y vivre. Enroulé dans ses somptueuses soieries, il se remémore les deux femmes de sa vie : sa mère, fantasque et infidèle, et Chamsa, sa maîtresse kurde, digne descendante d'un peuple insoumis, femme tant aimée avec laquelle il aurait pu échapper à son sinistre destin...
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Un réfugié sans-papiers hébergé par une femme charitable avoue avoir commis un meurtre dans une lettre qu'il n'enverra jamais. Une femme abandonnée par son amant pour lequel elle a quitté le Liban retrouve la lettre par hasard et se met à écrire à son tour, comme pour conjurer le sort, dans la chambre d'hôtel où elle attend sans trop d'espoir la fin de ses vingt ans d'errance. Jamais postée, oubliée, la lettre se retrouve par hasard entre les mains d'un autre étranger, bourreau du conflit syrien, qui, à son tour, raconte des épisodes scabreux de son passé, mais la lettre tombe entre les mains d'un autre réfugié. Et ainsi de suite, des lettres anonymes sont relayées par d'autres qui n'arriveront jamais à leurs destinataires. En une centaine de pages troublantes de bout en bout, Hoda Barakat campe des personnages, hommes et femmes, en butte à la misère sociale et à leurs propres démons, et pointe l'incommunicabilité humaine dans notre village planétaire, féru de ses moyens de communication.
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Dans un village maronite irréductible du Nord-Liban replié sur lui-même, sur ses traditions ancestrales et son identité propre - qu'il brandit fièrement contre les "autres", tous les autres, y compris les villages avoisinants qui partagent pourtant la même foi religieuse -, un homme meurt un jour dans une tempête de neige et il est dévoré par les hyènes. Son frère s'empare de ses biens au détriment de ses enfants, Salma et Tannous. Le roman suit pas à pas la lutte acharnée qu'ils vont devoir mener, chacun à leur manière, pour assurer leur survie et celle de leurs proches dans un monde hostile, et qui plus est, en pleine mutation.
De l'époque du Mandat français à 1975, quand éclate la guerre civile, Hoda Barakat restitue près de soixante-dix ans d'histoire locale, multipliant les angles d'approche, reproduisant les incantations religieuses, les chants guerriers et le franc-parler des habitants, scrutant à travers les destins croisés de ses personnages les métamorphoses du lieu sous l'effet d'une "modernité" à la fois désirée et redoutée. L'émigration bouleverse les structures familiales traditionnelles, le tourisme modifie le paysage de fond en comble, introduit de nouveaux modes de vie et de nouvelles valeurs. Reste pourtant, ici comme ailleurs, le souvenir lancinant d'une solitude que rien, ni dans la guerre ni dans la paix, ne semble pouvoir dissiper.
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Un homme et une femme sont rendus par l'amour fou à leur condition humaine originelle, au-delà de toute identité, comme s'ils aspiraient l'un et l'autre à réaliser le vieil idéal hermaphrodite.
Nous ne connaîtrions jamais leurs noms, mais nous saurons peu à peu, par des signes ténus, qu'il est chrétien de la montagne, et elle, musulmane citadine, et leur amour - en ces temps de guerre civile - les rejette hors de leurs communautés respectives. l'homme, le narrateur, sombre dans une folie qui brouille les frontières entre le réel et l'imaginaire. dans ce roman, le deuxième après la pierre du rire, hoda barakat rompt avec une certaine "littérature féminine" pour saisir le rapport homme-femme comme on ne l'a jamais fait jusqu'à présent en langue arabe.
La guerre civile libanaise, tout en situant l'action dans le temps et dans l'espace, n'est ici qu'un alibi pour explorer les zones troubles, interdites, enfouies dans les profondeurs de l'être, là où l'amour côtoie la folie et la mort.
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« L'exil, le mien, c'est celui du souvenir persistant d'avoir eu un corps [...] de devoir errer aussi dans des mythes et dans des légendes comme les fables que continuent à raccommoder les conteurs du Caire [...] pour me célébrer, leur Sultane glorieuse de toujours.
[...] sur une autre terre, sur la rive d'un autre fleuve, la Loire [...] les gens vénéraient autrement leur reine »