Sur nos tables
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« Je viens sauver quelqu'un, se répétait-il, et maintenant qu'il se trouvait à deux heures de Prague, il sentait monter en lui une vive anxiété. »
Une échappée belle de Paris à Prague, d'un studio de radio à des ruelles hostiles, d'un cachot glacé à une académie de billard, d'une école de bonnes soeurs aux bureaux obscurs de la République.
Chacun des Pelletier, à son heure, devra choisir entre son intérêt et son devoir, et pour certains entre la raison du coeur et la raison d'État.
Un dilemme parfois déchirant, sauf pour le chat Joseph, qui lui a choisi depuis longtemps.
Passionnant, intense, bouleversant. Un grand roman de Pierre Lemaitre. -
Quinze ans après l'effondrement, le jeune Burl vit isolé avec ses deux mères, Eva et Nell. Pour éviter d'attirer l'attention, elles ont brûlé leur maison et se sont installées au coeur de la forêt. Non loin d'une grande souche, elles se sont construite une vie bien réglée. Pour se nourrir, Burl et ses mères chassent et cueillent. La danse, la musique et les récits qu'ils inventent au coin du feu rythment leurs journées. Protégées par leur chère forêt, Eva et Nell refusent tout contact avec le monde d'Avant. Mais Burl, lui, brûle de curiosité pour ces humains qu'il ne connaît que par leurs histoires. Une nuit de solstice, depuis le haut d'une montagne, il aperçoit une lumière qui pourrait être un feu d'origine humaine. En dépit du danger, il se met en tête d'aller à leur rencontre.
La suite du chef-d'oeuvre absolu de Jean Hegland, d'une maîtrise et d'une profondeur plus impressionnante encore. Si Nell et Eva ont marqué toute une génération, Burl sera le héros inoubliable de celle qui vient. -
Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l'autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu'elle n'a pas revu depuis dix ans. Dans l'appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu'elle s'interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d'un citoyen tchèque enrôlé de force dans l'armée allemande après l'invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C'est le début d'une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d'emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s'étendront sur deux années, s'appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu'elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d'un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d'un jeune homme pris dans la tourmente de l'Histoire, c'est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d'un avenir de sauvagerie.
Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d'élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l'existence de son père, et la sienne, à l'aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit. -
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des évènements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »L.L.
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« Le génie particulier de ce roman est d'avoir su rendre l'invraisemblable plausible. »
Colum McCann
À Dublin, un soir de pluie, deux hommes frappent à la porte d'Eilish Stack. Membres d'une toute nouvelle police secrète - le GNSB -, ils demandent à s'entretenir avec son mari, enseignant et syndicaliste,
mais celui-ci est absent. Larry se rend au commissariat dès le lendemain, puis disparaît dans des circonstances troublantes.
Tandis que le malaise s'installe peu à peu, Eilish voit son quotidien et celui de ses quatre enfants amputés d'une liberté qu'elle tenait pour acquise. Bientôt l'état d'urgence est déclaré, les rumeurs parlent de camps d'internement...
Prisonnière d'une logique cauchemardesque, jusqu'où devra aller Eilish pour protéger les siens ?
Récompensé par le Booker Prize, Le Chant du prophète saisit, dans un souffle d'une puissance implacable, le basculement progressif d'une société vers l'autoritarisme. Paul Lynch nous fait vivre cette expérience à travers un regard - celui d'une femme - qui nous renvoie à notre propre aveuglement.
Presse :
« Un singulier tour de force. » Kirkus Reviews
« Paul Lynch puise dans la littérature pour rompre avec la suffisance des sociétés occidentales qui, insensibilisées par les tragédies qui secouent le monde, sont persuadées d'en être à l'abri. » The Guardian
« Le récit extraordinaire et tragique d'un pays sombrant dans la guerre, qui résonne bien au-delà des frontières irlandaises. Il s'agit sans doute de l'un des romans les plus importants de cette année. » The Irish Examiner
« Cette dystopie est exactement ce dont nous avons besoin pour sortir de notre complaisance, de cette illusion réconfortante selon laquelle le fascisme surgirait toujours loin de nous, dans l'espace comme dans le temps. » The Washington Post -
« Une maison peuplée d'ombres et de femmes, édifiée sur la vengeance et la poésie. Un roman tendu, bouleversant, traitant de spectres, de rapports de classe, de violence et de solitude avec naturel, comme si les sorcières avaient dicté à Layla Martínez ce cauchemar lucide et terrifiant. » Mariana Enriquez
Carcoma : 1. Vrillette, ver à bois. 2. Préoccupation constante et grave qui vous consume, vous ronge peu à peu.
Aux abords d'un village de Castille, une maison frémissante semble réagir aux moindres faits et gestes de ses habitantes : portes qui claquent, bruits de meuble qu'on traîne, âmes défuntes qui s'accrochent aux mollets - et que l'on écrase pour les tenir en respect. Quatre générations se succèdent entre ses murs. Dans cette famille, ce ne sont pas les bijoux ou la tendresse que l'on se transmet de mère en fille, mais les rancoeurs, la jalousie, la douleur - la carcoma, qui ronge qui ronge qui ronge.
Derrière les croyances, les apparitions et les sorts jetés, en sourdine, se cache une histoire bien réelle et d'une violence inouïe. Avec mille nuances, Layla Martínez en explore chaque facette et plonge le lecteur dans un récit aussi glaçant que puissant. -
Les derniers jours de Nicolas de Staël dessinés et racontés par Stéphane Manel.
Fasciné depuis l'adolescence par Nicolas de Staël, Stéphane Manel propose ici une plongée inédite dans l'univers de l'un des peintres les plus envoûtants du XXe siècle et un voyage aux sources de la création.
Au fil d'un récit imagé, entre roman graphique et livre d'art, où se mêlent souvenirs personnels et enquête sur les derniers jours du peintre, Stéphane Manel laisse faire le hasard des rapprochements et se nouer des liens profonds entre les faits pour cerner, par petites touches, les mystères de la fin tragique de Nicolas de Staël et de son oeuvre inachevée.
D'Antibes à Ménerbes ou Saint-Paul-de-Vence, avec quelques détours par le Sahara, Paris et l'Italie, creusant les relations de Staël avec ses amis, ses amours et ses pairs - Picasso, Matisse, Braque, René Char -, établissant des parentés avec de nombreux autres artistes, de Godard à Borges, cet
Exercice de Staël invite les plus grands créateurs à venir hanter ses pages, tels des fantômes pleins de charme, pour tenter de répondre à toutes les questions irrésolues... -
Harems et sultans : Genre et despotisme au Maroc et ailleurs, XIVe-XXe siècles
Jocelyne Dakhlia
- Anacharsis
- Essais
- 25 Octobre 2024
- 9791027904778
En parcourant l'histoire du Maroc du XIVe au XXe siècle, l'historienne Jocelyne Dakhlia entreprend de poser à nouveaux frais la question du politique et du genre en Islam. Dans cet ouvrage colossal, organisé comme un vaste récit épousant un ordre chronologique, elle dévoile un monde fluide et contradictoire, dynamique, et où les attendus intuitifs de nos regards envers l'islam se voient systématiquement déroutés.
En examinant tant les sources locales que les écrits occidentaux, elle questionne avec acuité la notion même du genre - investiguant aussi bien sur les eunuques -, et pousse ses réflexions également sur l'esclavage et la racialisation.
C'est ici l'ouvrage majeur sur un enjeu capital de notre monde contemporain, qui parvient avec beaucoup d'élégance à déciller notre regard. -
Ilaria ou la conquête de la désobéissance
Gabriella Zalapì
- Zoé
- Domaine Francais
- 21 Août 2024
- 9782889074112
Ilaria a huit ans quand son père l'embarque en cavale dans l'Italie du début des années quatre-vingt. Fulvio ressemble à « un guépard nerveux » pense l'enfant tout en chantant des tubes avec lui dans la voiture. Ilaria découvre Trieste, la mer en Toscane, l'internat à Rome. Elle apprend à conduire et à mentir. Observe et ressent tout tandis que son père boit de plus en plus de whisky dans un nuage de fumée. De petits hôtels en aires d'autoroute, l'enfant perd peu à peu l'odeur et la douceur de sa mère. La campagne sicilienne et la vie de ses paysans la sauvent. Ça ressemble à une aventure, mais c'est un enlèvement. Les mots de ce texte sont à hauteur d'enfant, ce que comprend Ilaria, c'est à travers des sensations physiques, au-delà de tout jugement.
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«Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs.»
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1938 : Hitler annexe les Sudètes, et la ville de Jedlov, en Bohême, devient Tannberg. Sept ans plus tard, à la fin de la guerre, Tannberg redevient Jedlov. De cette ville fictive, Timothée Demeillers fait l'emblème de cette région du monde, posée sur le rideau de fer, qui reste tout au long de la seconde moitié du XXe siècle le témoin et le théâtre de tous les aléas de l'histoire.
Nous suivons ainsi le destin de deux jeunes femmes : Sieglinde, Allemande amoureuse d'un Tchèque, qui se retrouve confrontée à la haine et au mépris des vainqueurs, mais aussi Ivetka, mariée à 14 ans, qui va réussir à s'éduquer, à s'émanciper, devenant la première Tsigane à faire des études...
Fresque romanesque courant sur près de 70 ans, Le Tumulte et l'Oubli est inspiré de l'histoire familiale de son auteur. -
Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l'usine, il découvre Harumi venue l'attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d'humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles.
Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima. Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu'il a construite de ses propres mains.
La Barque de Masao, roman habité par les lumières changeantes et les brises marines, est le deuxième texte d'Antoine Choplin publié aux éditions Buchet/Chastel. -
Quand Anna Szajbel, résidente de la compagnie pétrolière d'État (un emploi rêvé, si ce n'étaient ces maudits écologistes, ces soja-connards qui ne cessent de lui chercher des noises), est surprise en train de faire voluptueusement l'amour avec un arbre, elle est immédiatement licenciée et publiquement humiliée.
Cependant, cet événement l'amène à faire une découverte qui va changer sa vie. Une découverte qui la conduit à être téléportée quatre siècles plus tôt, dans le duché de Neisse gouverné par des évêques catholiques radicaux, auprès de Mathilde Spalt et des Terreuses, une communauté de femmes ayant renoncé au confort et à l'ordre patriarcal et religieux qui vivent dans les bois, vénèrent la Vieille Pucelle, et font l'amour à la Terre-Mère.
Quand l'Église décide d'abattre la forêt pour les en chasser se déclare une guerre à laquelle personne n'était préparé.
Toi qui es semblable ou presque semblable à moi, à ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand-mère ou à la soeur que je n'ai pas mais que tu deviens quand tu te rappelles que, mère biologique mise à part, ta première mère est la Terre-Mère, c'est toi la véritable héroïne de cette histoire, même si tout comme moi tu n'y verras jamais figurer ton nom.
C'est grâce à toi que pourra enfin disparaître ce qui est en érection, et naître ce qui est humide, tendre, élastique et moelleux. Grâce à toi, si tu refuses dès à présent de prendre part, ne serait-ce que via vagina, à ce jeu auquel tu ne gagneras de toute façon jamais. -
Le gars qui allait quelque part
Michel Bezbakh
- Buchet/Chastel
- Litterature Francaise
- 22 Août 2024
- 9782283040119
Il a tout, ses papiers ses clés ses clopes, il monte dans sa bagnole, il démarre. Il est un peu tendu. Il ressasse. Il repense aux évènements qui l'ont conduit à prendre le volant, là maintenant, avec la ferme intention d'aller quelque part.
Nous sommes avec lui, dans sa tête, dans ses pensées, et peut-être qu'à force, nous allons finir par savoir où il va.
Le gars qui allait quelque part est le premier roman de Michel Bezbakh. C'est, aussi, un roman à suspense. -
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime. Après Soeur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d'étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d'Abel Quentin.
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« Ici, la nuit est belle. (...) Leo avance de tache de lumière en tache de lumière et entre les deux, elle disparaît presque entièrement. Elle est alors exactement ce qu'elle paraît être : la fille qui glisse le long des murs, calme, discrète. La fille qui s'efface, la fille qu'on oublie. »
Leo n'est pas rentrée et le printemps s'entête dans sa douceur. Leo ne reviendra pas. La shérif Lauren Hobler découvre son corps au milieu des iris sauvages. Autour de la mort soudaine d'une jeune fille, Les Âmes féroces tisse plusieurs destinées. Pour élucider un mystère, mais lequel?? Celui de Leo, peut-être, et de ses silences. Celui de Lauren, coincée dans une petite ville qui ne la prend pas au sérieux. Il y a aussi Benjamin, Seth et les autres... Les gens de Mercy, qui pensent tous se connaître et en savent si peu sur eux-mêmes.
Envoûtant, surprenant et d'une grande ampleur romanesque, Les Âmes féroces traque la part d'ombre de chacun. -
La désinvolture est une bien belle chose
Philippe Jaenada
- Mialet Barrault
- Litterature Francaise
- 21 Août 2024
- 9782080427298
Pourquoi, un matin d'automne, une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d'amis, admirée, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d'un beau soldat américain qui l'aimait aussi, s'est-elle jetée à l'aube par la fenêtre d'une chambre d'hôtel, à vingt ans ? J'aimerais savoir, comprendre.
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Coupez nous plonge dans la précarité et la solitude de la vie de Manon, jeune scénariste, tour à tour indispensable et méprisée. Son compte en banque tourne à vide, elle réécrit dans l'urgence et sans rétribution, se démenant pour la survie de son projet. Sa force d'ouvrage est objet d'exploitation, sa part de reconnaissance, minime.
Dans ce parcours d'obstacle, un amour profond du cinéma se dessine. En plongeant dans les arcanes de ce qui, intimement, fait récit pour une autrice, Laure Desmazières explore le coeur du cinéma par la coupe, et dans cet interstice mystérieux, contenant cauchemars éveillés, délires et souvenirs, elle éclaire aussi la beauté d'un art, celui de faire transition, entre des scènes, mais aussi, entre des êtres. -
« J'ignorais que le musicien venait de tomber dans le cercle magique annoncé quelques minutes plus tôt par le renard, qu'il s'agirait d'un bizarre roman d'amour, qu'il en serait le personnage, et qu'avec le renard ça m'en ferait deux, et que jusqu'à la fin je ne saurais pas lequel des deux j'allais aimer le plus. »
Un soir de première neige, loin de tout, une vieille romancière enracinée dans sa forêt reçoit la visite d'un pianiste, voyageur planétaire, connu pour ses interprétations de Jean-Sébastien Bach. Ils ne s'étaient jamais vus. Il était prévu qu'il ne resterait qu'un soir, mais la romancière n'a pas du tout envie de le laisser repartir. Comme la neige n'en finit pas de tomber et qu'il y a un Steinway sur place, elle va le séquestrer dix jours et onze nuits. Captivée par ce personnage, et même troublée, le soir du troisième jour, elle ajoute quelques gouttes de plus au somnifère qu'il lui demande pour se remettre de son décalage horaire.
On n'est pas loin du roman de Kawabata, Les belles endormies. Le thème du désir et de la viellesse est ici abordé, mais de façon inversée, et c'est sans doute un peu plus dérangeant : il ne s'agit pas d'un vieil homme qui entre dans le lit de jeunes beautés endormies, mais d'une femme vieille qui s'assoit au bord du lit d'un homme qu'elle a endormi, plus jeune qu'elle, et très beau.
Le même soir que le pianiste était arrivé un petit renard en très mauvaise forme. La romancière le soigne. Elle le sauve. Observer chaque soir cet extraordinaire petit renard devient une sorte de rite, et les rites, se dit-elle, sont là pour remetter de l'ordre dans le monde.
Il est donc question de soigner le monde, grâce à un pianiste et grâce à un renard. Et il est aussi question de deux amours. Un du jour, un de la nuit. L'un venu du dehors, apportant sa vie concrète, terrestre et menacée. L'autre, on dirait, venu de derrière la mort, nous assurant que tout a déjà eu lieu. Les horreurs ont été lavées à grande eau. Le monde resplendit. -
Les Enfants de sainte Marguerite
Ante Tomic
- Noir Sur Blanc
- La Bibliotheque De Dimitri
- 22 Août 2024
- 9782889830466
Après avoir exploré, dans ses deux précédents ouvrages, les territoires sauvages de l'arrière-pays dalmate, Ante Tomic nous offre avec ce nouveau roman une fine description de la population insulaire adriatique. On y rencontre un commandant de police entreprenant, qui a aménagé ses cellules en chambres d'hôtes, un professeur de philosophie galant, qui démontre que les cevapcici, ou kebabs selon les régions, sont à la source de la culture méditerranéenne, un migrant syrien beau comme un dieu, centre de toutes les attentions du beau sexe, et un âne mythologique et fripon, qui brait à chaque fois qu'un couple fait la bête à deux dos.
Histoire rocambolesque et drolatique émaillée de rebondissements improbables, hommage à sainte Marguerite, dernier recours des couples infertiles, mais en premier lieu merveilleux roman d'amour qui, comme tous les livres d'Ante Tomic, réconcilie le lecteur avec l'humanité, Les Enfants de sainte Marguerite nous plonge dans l'univers malicieux et bienveillant d'un auteur qui a su, tout le long de son oeuvre, gagner un public fidèle de plus en plus nombreux. -
Pleurer au supermarché
Michelle Zauner
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 2 Mai 2024
- 9782267048919
Michelle Zauner vit à Philadelphie et jongle entre trois jobs alimentaires et un groupe de rock dont la carrière ne décolle pas quand elle apprend que sa mère est malade. Elle rentre alors dans l'Oregon pour l'accompagner dans son combat contre le cancer, et pour essayer de rattraper le temps perdu. Car Michelle a été une adolescente rebelle, ne se sentant jamais à la bonne place, et fuyant cette figure maternelle qui incarne l'exigence mais aussi la culture coréenne, si proche et si lointaine. Le souvenir des étés passés dans le pays natal de sa mère, et celui de la passion avec laquelle cette dernière cuisinait et mangeait, vont aider Michelle à surmonter son chagrin, à trouver un chemin vers l'apaisement.
Michelle Zauner évoque avec une grande simplicité le deuil qu'elle a traversé, et toutes les complexités de l'amour entre une mère et sa fille. Elle consacre surtout des pages inoubliables au plaisir gastronomique pour nous rappeler que nous sommes aussi ce que nous mangeons. Un livre qui ne ressemble à aucun autre. -
Guide de voyage alternatif, Toulouse Noir permet de (re)découvrir la Ville Rose sous la plume de 12 auteurs locaux, chacun livrant une nouvelle noire inédite sur le quartier qu'il a choisi.
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Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ? Juste un nom sur le mur. Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup. Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d'autres. Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l'autre jusqu'à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire. H. L. T.
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Après le décès de sa mère Kyôko, Suzuko Niré a grandi dans une famille recomposée mais unie, entourée de sa tante Anzu, de son père, et de son frère adoptif Tôru. Aujourd'hui âgée de quinze ans, l'adolescente porte à ce dernier un amour dévorant et ne souhaite qu'une chose : retrouver celui qui est parti de la maison trop tôt, pour vivre à ses côtés. Son absence provoque chez elle une immense tristesse.
Un soir, en rentrant de l'école, Suzuko recueille un moineau blessé. Et découvre en cet oisillon qui ne pourra plus jamais voler une incarnation de ses propres fragilités.